Adrien Demarais
Consultant Carbone
take[air]
« Aujourd’hui, une stratégie de croissance ne peut plus être décorrélée des objectifs de décarbonation »
Par où commencer pour s’engager dans un projet de décarbonation industrielle ?
La première étape, c’est de faire le diagnostic, le bilan de là où vous en êtes pour ensuite définir l’effort à fournir pour arriver à l’objectif souhaité. Dans le cas de la décarbonation, faire un premier Bilan Carbone® est donc essentiel pour mesurer ses émissions sur l’ensemble de sa chaîne de valeur et avoir une base solide pour engager une trajectoire de décarbonation. Il faut également savoir que le bilan carbone devient un prérequis de plus en plus indispensable pour avoir accès à des subventions publiques, à des financements de banques ou pour répondre à des appels d’offres. S’entourer et se former sont également des points très importants. Il existe des communautés comme celle du Coq Vert de la BPI, des accélérateurs ou d’autres groupes de travail via des syndicats ou des interprofessions qui permettent de partager des bonnes pratiques et de se sentir moins démunis. Malgré tout, une PME a souvent des moyens
et un temps limité pour adresser ces sujets. Dans ce cas, il existe une aide pour embaucher un VTE vert. On peut également être perdu dans le nombre d’aides. L’État a récemment créé une plate- forme https://mission-transition- ecologique.beta.gouv.fr/ afin de centraliser et faciliter l’information pour les entreprises.
Comment évaluez-vous aujourd’hui la maturité des filières industrielles pour relever ce défi ?
Aujourd’hui, alors que le Haut Conseil pour le Climat (HCC) appelle à acter l’urgence et engager les moyens, nous sommes devant une situation très hétérogène. Cela peut aller du grand groupe déjà mature depuis plusieurs années à la petite PME qui n’a ni le temps ni les moyens à allouer à une démarche de décarbonation. La crise en Ukraine a permis de révéler au grand jour notre dépendance et notre vulnérabilité économique face aux énergies fossiles et à la volatilité des prix. Cela a permis de lancer de nombreux projets de décarbonation et d’énergie renouvelable pour augmenter l’autonomie des entreprises. Mais beaucoup ont payé le coût élevé de cette dépendance et la conjoncture actuelle de resserrement budgétaire et de baisse des prix de l’énergie pourrait malheureusement freiner un peu l’envolée de ces investissements.
Comment voyez-vous les choses évoluer, sur ce plan, dans l’avenir ?
Le sens de l’histoire, c’est qu’au même titre que chaque entreprise doit établir sa comptabilité, elle devra faire sa comptabilité carbone. La RSE et la décarbonation étaient auparavant le sujet de quelques personnes en interne. Il faut bien comprendre que maintenant, ce qui est demandé, c’est que ce soit un sujet totalement intégré dans la stratégie business d’un groupe. On ne peut plus avoir une stratégie de croissance totalement décorrélée des objectifs de décarbonation. Maintenant, il faut engager les moyens, dans un contexte de contraction généralisée des investissements.
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